Préface

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Avec Louve, il y a eu l'avant et l'après.

Je me souviens encore des premières fois où je l'ai lue. Ce fut un choc émotionnel. Elle publiait ses textes sur le forum d'Albert Louis. Des textes d'une puissance que je n'avais jamais encore rencontrée. J'ai mis un certain temps à comprendre pourquoi. Son écriture est basée sur des images très simples, très fortes, souvent disposées comme une marqueterie. Elle écrit dans un style oral, parfois haché qui accentue une proximité presque physique avec elle. Et surtout, ils sont profondément intégrés à la nature, au Cosmos. Une intégration sincère, dans laquelle la nature n'est pas un élément externe servant de décor au discours mais un des éléments constituant le discours. En ce sens, elle a une écriture proche de celle du haïku.

J'ai aimé, tout de suite, instinctivement. Par après, seulement, j'ai appris qu'elle était amérindienne, montagnaise. Cela a posé un problème. Lorsque j'ai créé le site, beaucoup de personnes sont venues voir parce que l'amérindien possède (surtout loin du Québec !) un capital de sympathie. C'était un objet exotique...

Je voudrais cependant que l'on dépasse ce cliché occidental, blanc. Bien sûr, son origine culturelle montagnaise est pour beaucoup dans la structure de ses textes, mais il ne doit pas cacher le talent et la sincérité de Louve. C'est une femme libre, debout, qui nous parle, en langage vrai, physique, de ses amours, de ses peurs, de ses doutes, de son identité, de son trouble de vivre entre deux mondes, de sa vie. Une vie très difficile, qui a été souvent injuste avec elle. Une vie au jour le jour...

Louve n'est pas un objet exotique. C'est une femme qui vit, qui souffre, qui aime, qui se cherche.

Il faut la lire avec cet esprit.

Serge Tomé
éditeur du site 'temps libres - free times'