Un banc


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révolte

un bois de banc tout en ligne d'accoudoir, portant fidèlement les âmes démones.
douze milles en tout.
pas autant que les mats de voiles qui se glissent autour de l'ile blanche, sur une eau de raisin amer.
peut-être cent-quarante-quatre milles.
ils viennent dire le cuirassé, celui échoué, ouvert, saignant le language martyre écrit dans l'écorce de nos arbres, nos terres sacrifiées.

la peur dite par douze fois par jour par page.
le vent tourne les coques, encordées de mains, liées par les billes de nos rivières arnachées.
les yeux coulent le verbe absent.
les bouches d'orgue crachent les anges de plâtre, laissant une suie noire pour les genoux pliés.
une main lève les corps, rompus, cassés dans une coupe de métal cisellée sur un flanc de nos montagnes.
le pain mordu et livré à l'autre tendu.
ils sont trois.
notre père a pris nos cieux.
le fils des voiles se berce attaché aux cous des porteurs.
le soleil jaillit sur le verre de couleur et ferme les ombres d'un enfant vendu, sa mère en larmes de cire.
tribut soldé en fumée.
dix esquisses se faufilent, mendiants pour nos murs.
quatres, des cardinaux. un seul peuple bien divisé.
la colombe vole l'esprit.
les voiles chantent, bénissent leurs cordes en douze milles amen.
ils savent ce qu'ils font.
un banc de bois dur, cloué, verni.

 

Copyright Louve Mathieu, 1999